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Bilan des vendanges 2025 dans les Langhe / Barolo

Les producteurs de l’Association Deditus saluent un millésime 2025 d’équilibre et de grande qualité

 

 

La vendange 2025 vient tout juste de s’achever dans les Langhe, et les membres de l’Association Deditus, parmi lesquels Azelia, Cordero di Montezemolo, Sandrone, Michele Chiarlo, Pio Cesare, Poderi Gianni Gagliardo, Poderi Luigi Einaudi, Prunotto et Vietti, livrent leurs impressions. Tous s’accordent sur un point : 2025 s’annonce comme un millésime d’équilibre, marqué par la qualité et la sérénité retrouvée au moment des récoltes.

Pio CesareL’année a débuté sous un hiver doux et arrosé, avec près de 400 mm de pluie jusqu’à la mi-mai. Après un printemps encore humide, l’été s’est installé dans des conditions sèches et ventilées, ponctuées d’un épisode caniculaire en août, l’anticyclone « Caronte », où les températures ont atteint 37 à 39 °C. Grâce aux réserves hydriques accumulées, la vigne a bien résisté. L’automne, ensoleillé et stable, a favorisé une maturation régulière et un état sanitaire impeccable des raisins, notamment du Nebbiolo, promettant des vins d’un excellent potentiel aromatique.
Stefano Chiarlo (Michele Chiarlo) souligne combien une approche viticole mesurée a été déterminante : « Nous avons pratiqué un éclaircissage minimal. La nature a fait sa propre sélection, et les raisins ont mûri sans excès. » Les tanins et polyphénols ont gagné en finesse grâce aux nuits fraîches, permettant une maturité technologique et phénolique harmonieuse. Selon lui, le millésime 2025 rappelle par son équilibre des années de référence comme 2016 ou 2010.

Un millésime du retour à la mesure

Pour Lorenzo Scavino (Azelia), 2025 marque un retour bienvenu à la normalité après plusieurs millésimes extrêmes : « Nous avons récolté des Nebbiolo à parfaite maturité, sans excès de sucres, dans une atmosphère paisible, un luxe ces dernières années. »
Même prudence chez Alberto Cordero di Montezemolo, qui invite à ne pas juger trop vite : « Tout indique un grand millésime, mais seule l’évolution des vins confirmera leur stature. »

Luca Sandrone, mémoire vivante de la région, s’apprête à célébrer sa quarantième vendange. Il rappelle combien le Nebbiolo, autrefois jugé trop vigoureux, s’est révélé une arme précieuse face aux aléas climatiques : « Résilient, robuste, il s’adapte même dans les années difficiles. » Cette robustesse, alliée à des pratiques plus scientifiques et à une main-d’œuvre expérimentée, permet aux vignerons d’aborder l’avenir avec confiance. « Nous avons tout vu ces dernières années, mais nous continuons de produire de grands Barolo et Barbaresco grâce à l’équilibre entre la vigne et l’humain.»

Précision et délicatesse en cave

Bussia SopranaChez Pio Cesare, Claudio Pira décrit une évolution tout en finesse des méthodes de vinification. Face au réchauffement climatique, le domaine a ajusté sa philosophie sans renoncer à l’identité de ses vins : contrôles plus fréquents de la maturité phénolique, températures de fermentation abaissées, pigeages traditionnels remis à l’honneur. « Ces ajustements nous permettent des extractions plus douces et des tanins plus ronds », précise-t-il.
La séparation du vin de goutte et du vin de presse s’effectue désormais en trois catégories afin d’affiner les choix en fonction de l’évolution des cuvaisons. Résultat : un Nebbiolo fidèle à son terroir, structuré et longiligne, mais plus accessible et harmonieux.
Pour la Barbera, les nouvelles plantations à Monforte d’Alba et Serralunga renforcent le positionnement du cépage sur la scène internationale tout en consolidant son ancrage dans le terroir des Langhe.

Tradition et modernité en harmonie

Les Langhe restent un laboratoire vivant de viticulture, où tradition et science dialoguent en permanence. Gianluca Torrengo (Prunotto) rappelle que chaque décision, de la vigne à la cave, repose aujourd’hui sur l’observation et l’adaptabilité : « Les paramètres climatiques changent, les millésimes diffèrent, mais le Nebbiolo demeure la colonne vertébrale de notre identité. »

Les Langhe, entre vin et tourisme

Au-delà du vin, la région s’impose comme une destination œnotouristique de premier plan. En vingt ans, la fréquentation a augmenté de 400 %, avec plus de 1,5 million de nuitées enregistrées sur les territoires des Langhe, du Roero et du Monferrato. « Les visiteurs recherchent des expériences globales, pas seulement des dégustationsIls veulent découvrir la gastronomie, les paysages, les accords mets-vins et l’hospitalité locale. » (Stefano Tonetto)
Les producteurs l’ont compris : dégustations personnalisées, hébergements, expériences immersives. L’accueil est devenu un outil stratégique autant qu’un vecteur culturel pour la région.

Le défi du climat et de la durabilité

Si 2025 a offert des conditions idéales, le changement climatique reste un enjeu central. « La fameuse règle des “trois dix” pour le mildiou n’est plus adaptée… Les conditions extrêmes se multiplient, il faut des paramètres plus précis. » (Luca Sandrone)

En cave, les vinificateurs des Langhe affinent fermentations et extractions pour préserver équilibre et typicité, cherchant à protéger l’identité du Nebbiolo tout en valorisant une Barbera plus accessible.
Sur le plan économique, Alberto Cordero évoque la gestion anticipée des droits de douane américains : les producteurs ont expédié leurs vins plus tôt pour atténuer l’impact tarifaire et stabiliser les prix.
Mais le véritable défi se joue désormais sur un autre plan : concilier croissance touristique, durabilité environnementale et préservation de l’identité viticole.
Investir dans les infrastructures, promouvoir le tourisme hors saison, mieux répartir les flux de visiteurs : autant d’objectifs pour que le tourisme reste un moteur de développement durable et non une contrainte.

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