« Touche pas à mon vigneron ! »
Le vignoble, lieu de production de la drogue la plus dangereuse…
Je me permets d’écrire ce petit article pour relayer la pétition mise en ligne par une consœur bloggeuse vin (Louise Massaux).
Le 7 juin un rapport sur « les dommages liés aux addictions et les stratégies validées pour réduire ces dommages » fut remis à la Mission Interministérielle et Lutte Contre les Drogues et Toxicomanies (Mildt) par le Professeur Michel Reynaud. Avant toutes préconisations, le rapport dresse un noir bilan des conséquences de l’abus d’alcool (mortalité, violence etc….). Loin de moi l’envie de contester une seule seconde ce bilan ou les effets que peuvent entrainer un abus d’alcool. Cependant il faudrait cesser en France de prendre des mesures de prévention sans aucune connaissance de la réalité et sans aucun respect du patrimoine national.
Je ne vais pas rentrer dans les détails du rapport que Louise Massaux (également professeur de marketing digital à l’Université du Vin et fondatrice de l’agence Vinorealys) nous explique très clairement sur ce site : quilledefilles.
Je voudrais simplement vous partager quelques unes de mes impressions/réflexions sur ce rapport :
- « L’alcool, produit qui procure le plus de plaisir et de bien-être, est simultanément le produit le plus dangereux » …. Plus dangereux que toutes les drogues ? sans commentaires ! Arrêtons de mettre dans le même sac tous les alcools quelque soit leur degrés. Il existe une grande différence entre les alcools forts (exemple la Vodka : entre 40° et 90°) qui permettent plus facilement d’être en état d’ivresse et le vin ! Lorsque l’on voit en sortie des soirées des personnes , ivres elles le sont à 98% à cause d’alcools tels que la vodka, la tequila, le whiskey etc., et non après avoir bu du vin.
- Le rapport avance également que l’alcool serait plus dangereux que les autres drogues. A l’heure où le gouvernement teste les salles de shoot dans quelques villes de France, le durcissement de la législation contre l’alcool et plus particulièrement le vin (puisque les vins d’appellation sont, noir sur blanc, mis dans le même sac) à de quoi faire rire….
- « L’assiette [fiscale] doit être basée sur la quantité d’alcool pur que [les boissons alcoolisées] contiennent et doit s’appliquer à toutes les catégories de boissons, quelles que soient leur origine géographique ou leurs conditions de production. »…après avoir démontré une totale méconnaissance de la réalité-terrain mais aussi du patrimoine français, on nous démontre également une totale méconnaissance de l’économie et du comportement des consommateurs. Une personne alcoolique, tout comme pour un fumeur, ne va pas arrêter sa consommation à cause d’une hausse de prix. Le principe d’une addiction est justement d’être addictive et donc on ne s’en sort pas aussi facilement…rien ne vaut la pédagogie pour cela. Mais il est vrai que la pédagogie coûte des sous alors que la taxation en fait rentrer…de quoi se poser des questions sur les réelles motivations du rapport. Comme si le vigneron français n’avait pas déjà assez de mal à vivre de son activité, à prévoir la lourde charge financière que sera la succession, on vient lui rajouter une importante taxe qui rendront ses vins encore plus difficile à vendre !
- « interdire les supports publicitaires pour les marques d’alcool susceptibles de rentrer en contact avec les jeunes ». Autrement dit internet, les réseaux sociaux, les sponsors d’évènements, les initiations à la dégustation dans les universités et grandes écoles… Pour répondre à cette ineptie je me contenterais de citer Steuart Britt « Faire du commerce sans publicité, c’est comme faire de l’œil à une femme dans le noir. Vous savez ce que vous faites, mais personne d’autre le ne sait ». Or la pédagogie, la valorisation du produit patrimoine qu’est le vin ainsi que la valorisation du métier de vigneron (ou devrais je dire « dealer de vin ») passe justement par cette communication. Vous ne trouverez aucune page facebook, twitter, google+ ou autres de vigneron qui vous dira « buvez ! buvez ! enivrez-vous avec mon produit ! ». Le vigneron est un artiste qui chaque année travaille à une œuvre…et comme tout artiste il souhaite que son œuvre soit appréciée et non simplement picolée dans un but d’enivrement.
Personnellement je trouve qu’il serait beaucoup plus judicieux d’apprendre aux consommateurs et pourquoi pas dès un jeune âge ce que c’est que le vin, son histoire, ses racines bibliques (la religion serait elle une dealeuse ?), sa place dans le patrimoine français, son économie et à l’apprécier et à le consommer avec modération. Un petit peu comme ce que fait l’Ecole du Vin de Bordeaux lors de ses tournées dans les grandes écoles.
Je vous invite donc à vous engager contre ce rapport en signant cette pétition (lien ici). Je ne peux également que vous encourager à la diffuser autour de vous (mails et réseaux sociaux).
Je vous convie également à lire les articles de Vincent POUSSON et de Louise MASSEAUX sur ce sujet.
Pour conclure je dirais qu’à en croire la récente opération de désintoxication de la cave de l’Elysée qui a anticipé se rapport, on ne devrait pas tarder à rentrer en prohibition….un peu à l’image des Etats-Unis dans les années 20.
Sur ce je vous laisse, j’ai du vin sous le manteau à vendre ! Bonne journée 😉
Choukroun Chicheportiche Jonathan