La Maison Krug ouvre ses portes au public pour les Journées européennes du Patrimoine les 20 et 21 septembre 2014
La vie dans les caves de la Maison Krug au temps de la Grande Guerre
Pour sa première participation aux Journées européennes du Patrimoine, et dans le cadre du centenaire de la Première Guerre mondiale, la Maison Krug ouvre exceptionnellement ses portes et propose aux visiteurs de découvrir la vie dans les caves de Reims entre 1914 et 1918.
« J’ai partagé la préparation de ces journées avec une émotion certaine. Au-delà d’une histoire qui m’est proche, j’y ai vu le témoignage de nombreuses familles rémoises, elles aussi particulièrement touchées, courageuses et généreuses. Comme la plupart des collaborateurs de la Maison Krug, j’y trouve une source d’inspiration et de détermination constante. » Olivier Krug, sixième génération de la famille et Directeur de la Maison Krug
« Il était juste de rendre un modeste hommage et d’exprimer notre gratitude à ceux qui ont parfois traversé les mers et les continents pour venir mourir sur notre terre champenoise.
Malgré les vicissitudes de la guerre, la courageuse population civile de Reims va organiser sa vie quotidienne en partie dans les caves de la Maison Krug où chacun trouvera refuge pour dormir, se nourrir, étudier ou célébrer les offices religieux.
Que leurs traces ne s’effacent jamais de nos mémoires. » Jean-Claude Narcy, Président du comité des mécènes pour la Mission du centenaire de la Première Guerre mondiale
Une exposition dans les Caves Krug
Sous le commissariat de Fabienne Moreau, historienne de la Maison Krug, des éléments d’archives ont été rassemblés pour constituer une exposition inédite.
Des photographies découvertes récemment sont exposées dans les espaces souterrains, là où elles ont été prises, il y a un siècle. Des documents d’époque et de la correspondance ponctuent également ce parcours qui se conclut par le Caveau Collection où sont conservés les derniers exemplaires des millésimes 1914 et 1915.
Les collaborateurs de la Maison Krug seront guides pour l’occasion. Ils raconteront l’histoire de leur Maison fondée en 1843, et le quotidien de leurs prédécesseurs et des Rémois réfugiés dans les caves pendant les quatre années de guerre.
« Transmettre l’histoire de la Grande Guerre à travers celle d’une famille, d’une communauté d’employés, de soldats et de simples civils réfugiés relève d’une mission contemporaine exigeante. Plus que jamais la mémoire est l’avenir du passé… » Fabienne Moreau, responsable Patrimoine de la Maison Krug
L’engagement d’une famille Rémoise
Dès le début du conflit, Joseph Krug, dirigeant de la Maison et petit-fils du fondateur, est mobilisé dans l’armée française, pendant que son frère Henri, capitaine dans le 49e bataillon de chasseurs à pied est tué lors des premiers combats dans les Ardennes le 31 août 1914. Fait prisonnier, il est détenu en Prusse. Très affaibli par ses conditions de détentions, il est finalement libéré au printemps 1917 et transféré en Suisse pour y être soigné.
Son épouse Jeanne Krug, soutenue par le personnel présent, parvient à maintenir l’activité tout en venant en aide aux Rémois, victimes de la guerre. Femme déterminée et généreuse, elle s’engage auprès de la Croix Rouge pour soigner les soldats blessés au Val de Grâce et dans différents hôpitaux militaires près de Reims. Jeanne Krug assume également le rôle de chef de famille, suppléant l’absence de son mari avec qui elle réussit à entretenir une correspondance régulière. En mars 1917, elle se rend à Montana en Suisse auprès de son époux.
De retour à Paris à l’été 1917, Joseph et Jeanne Krug assurent ensemble la direction de l’entreprise et organisent son évacuation. À la fin de la guerre, Jeanne Krug poursuit son engagement auprès de la population rémoise, et participe activement à la création de l’œuvre du Retour à Reims, puis à la fondation de l’American Memorial Hospital pour les enfants de Reims et sa région.
La vie quotidienne dans les caves
De septembre 1914 à novembre 1918, Reims subit 1 151 jours de bombardements. La famille Krug partage le sort de millions de Français touchés par la guerre. Elle soutient les familles de ses collaborateurs sous les drapeaux, met ses locaux à leur disposition et à celle de la population.
Les Rémois se réfugient dans les caves où la vie s’organise. Dans les caves Krug, à la lueur des bougies et des lampes à pétrole, chacun s’occupe à lire, cuisiner, discuter, tricoter, pour passer le temps comme il le peut. Une classe est ouverte à laquelle assistent 40 enfants du quartier. Le temple de l’Église réformée tout proche étant détruit, la communauté protestante se réunit dans une des salles souterraines de la Maison Krug appelée « la Crypte » pour y célébrer les offices.
« La classe marche bien dans nos caves. Il y a quarante élèves, la plupart des petits garçons, deux institutrices pour deux divisions ». Henri Payen, Chef de Caves chez Krug, dans une lettre à Jeanne Krug. Reims, 25 janvier 1915
« Le dimanche, le Temple n’existant plus, le pasteur fit le service dans la crypte. Toute la colonie protestante de la ville y assistait, assise en cercle sur des caisses en guise de bancs ». Alice Martin, Sous les obus et dans les caves – Notes d’une bombardée de Reims. 1914 Edition Beauchesne
Les vendanges 1914 et 1915, malgré les conditions exceptionnelles dans lesquelles elles se déroulent, permettent l’élaboration de deux grands millésimes dont la Maison Krug conserve quelques bouteilles dans ses caves, au sein du Caveau Collection. Lorsque la guerre éclate en août 1914, la vendange s’annonce très qualitative, d’une qualité telle qu’on en n’avait plus vue depuis 1907.
Les vins de 1915 font également un grand millésime. La récolte des raisins dans certains secteurs s’est faite à quelques centaines de mètres des tranchées et sous les bombardements. Les vins n’ayant pu être rapatriés à Reims dans les celliers Krug, ils sont conservés dans les établissements de vignerons partenaires de la Maison. Jeanne Krug informe son époux de l’avancée des vendanges, de la qualité des vins, et transmet les recommandations de Joseph Krug au Chef de Caves concernant les approvisionnements et les assemblages.
En 1915, elle constate : « Chaque fois que je parle des vins de 1914 et de 1915, je soulève l’admiration de tous pour la vaillance des producteurs et des négociants ».
A propos de la Maison Krug
L’histoire de la Maison Krug témoigne de l’incroyable aventure d’un visionnaire. Joseph Krug, son fondateur, fut un homme anticonformiste, doté d’une détermination sans faille et d’une philosophie exempte de tout compromis, qui sut comprendre l’essence même du champagne. Au-delà des attentes de son époque, il souhaita offrir à ses clients la plus généreuse expression du Champagne Krug, d’année en année, indépendamment des hasards du climat, et la partager avec ses collaborateurs et leurs familles, sa ville et sa région, et bien sûr les amateurs de champagne du monde entier. En constituant une vaste bibliothèque de vins de réserve, Joseph Krug fonda la première Maison de Champagne à élaborer exclusivement des cuvées de prestige. Depuis 1843, six générations de la famille Krug ont perpétué sa vision et enrichi son savoir-faire.
L’histoire de Krug illustre aussi celle d’une Maison et d’une famille résolument impliquées dans la vie économique, culturelle et institutionnelle de leur ville et de leur région.
Informations pratiques :
- Commissaire de l’exposition : Fabienne Moreau, Responsable Patrimoine
- Adresse : Champagne Krug, entrée par le 1, rue Coquebert, 51100 Reims
- Horaires d’ouverture : Samedi 20 septembre : de 10h à 18h en continu (dernier départ 17h30) Dimanche 21 septembre : de 14h à 18h (dernier départ à 17h30)
- Les visites sont gratuites et accessibles sans réservation.
©Krug