
Décès d’Emmanuel Reynaud, vigneron du Château Rayas
En mémoire d’Emmanuel Reynaud
Hommage à l’artisan discret d’un mythe de Châteauneuf-du-Pape
C’est avec une profonde tristesse que la communauté viticole a appris la disparition d’Emmanuel Reynaud, propriétaire emblématique du Château Rayas et figure discrète mais essentielle de Châteauneuf-du-Pape. Décédé le 25 novembre 2025, il laisse derrière lui un héritage parmi les plus singuliers et admirés du vignoble français.

Né en 1963, Emmanuel Reynaud s’est d’abord formé au domaine familial, avant de prendre la direction du Château des Tours à Sarrians. En 1997, le décès soudain de son oncle Jacques l’a propulsé à la tête du Château Rayas ainsi que des autres propriétés familiales, poursuivant avec fidélité et exigence la lignée vigneronne initiée par son grand-père Louis. Il entreprit dès son arrivée une restauration patiente des chais et du vignoble, réaffirmant le rôle central du grenache sur sables et de la temporalité longue dans la philosophie des lieux. Son style s’est imposé avec discrétion mais constance : vendanges plus tardives, respect absolu des vieux ceps, élevages prolongés, refus des artifices. Il privilégiait la finesse à la démonstration, la profondeur à l’exubérance. Les vins qu’il a signés, qu’ils proviennent de Rayas, Fonsalette, Pignan ou du Château des Tours, sont devenus des références absolues, recherchées pour leur pureté, leur fraîcheur intemporelle et leur toucher presque aérien.
Malgré la notoriété de ses cuvées, Emmanuel Reynaud a toujours préféré la réserve à la médiatisation, accueillant les amateurs avec générosité mais dans un esprit simple, authentique et profondément ancré dans le terroir. Il aura su maintenir un équilibre rare entre prestige mondial et humilité paysanne, offrant à ses fidèles allocataires une continuité exemplaire sans céder aux sirènes de la spéculation.
Sa disparition marque la fin d’une époque, celle d’un vigneron indépendant, attaché au temps long, à la terre et à la transmission. Dans les sables de Rayas, dans l’ombre des pins, dans chaque bouteille façonnée sous sa direction, subsiste la trace d’un homme qui aura marqué durablement l’histoire du vin français.
