La dégustation annuelle de barriques de Barolo de Vigna Gustava : lancement de la cinquième édition de la vente aux enchères de charité
écrit par Erika Mantovan
27 juillet 2025 – La dégustation annuelle des barriques de Barolo issues des raisins cultivés dans l’historique Vigna Gustava, nichée au pied du château de Grinzane Cavour, marque le début officiel des préparatifs de la cinquième édition de la vente aux enchères de charité organisée par la Fondazione CRC, la Fondazione CRC Donare ETS et le Consorzio di Tutela Barolo Barbaresco Alba Langhe e Dogliani, en collaboration avec Enosis Meraviglia et Christie’s, partenaires historiques et indispensables de l’initiative depuis ses débuts, et animée par le charismatique Cristiano De Lorenzo. Il convient de souligner une fois de plus que la maison de vente aux enchères renonce à ses commissions et que la Fondation CRC prend en charge tous les frais liés à l’organisation de la vente aux enchères.
Ce projet, qui a débuté en 2019 avec l’acquisition de Vigna Gustava, ancien vignoble pédagogique de l’École d’œnologie d’Alba, est passé d’une idée visionnaire à une initiative philanthropique majeure. Conçue par Gianni Cenna, cette idée s’est concrétisée en 2021 avec la première édition de la vente aux enchères, qui s’est donné pour mission ambitieuse mais tangible de promouvoir le territoire local, de rehausser le prestige du Barolo et de soutenir des projets caritatifs dans les domaines social, artistique et immobilier.
À ce jour, en quatre éditions, la vente aux enchères a permis de récolter 3 398 000 €, au profit de 73 projets caritatifs dans la province de Cuneo, dans toute l’Italie et à l’étranger. Ce résultat extraordinaire a été obtenu grâce aux efforts conjoints d’institutions publiques et privées, de vignerons et de collectionneurs du monde entier.
Le Barolo, emblème de l’excellence œnologique piémontaise, devient un vecteur de changement social. Les 15 barriques affinées par Enosis Meraviglia, sous la direction du professeur Donato Lanati, seront la pièce maîtresse de la vente aux enchères, aux côtés des lots communaux de Barolo et Barbaresco, de plus en plus convoités, mis à disposition par les producteurs locaux.
Comme l’a souligné Sergio Germano, président du Consorzio Barolo, vigneron et participant actif au projet :
« Nous sommes fiers de cette collaboration. Le Barolo est l’une des plus hautes expressions de ce territoire, et le voir évoluer vers un vecteur de solidarité est profondément gratifiant. Les producteurs en sont fermement convaincus, et je suis persuadé que de nouvelles contributions continueront d’affluer. »
Les recettes provenant des lots communaux continuent de soutenir un organisme qui promeut l’éthique du travail et lutte contre les pratiques illégales dans ce domaine, tandis qu’environ 300 000 euros ont été alloués à l’école d’œnologie d’Alba pour des projets éducatifs et des recherches spécifiques au secteur. Mais cette vente aux enchères n’est pas seulement une œuvre caritative, elle est également devenue une plateforme de recherche et d’étude. Comme l’a souligné M. Lanati, le développement des barriques s’appuie sur des analyses scientifiques rigoureuses :
« Il s’agit plus que d’une simple vente, c’est un moment de découverte. Nous avons appris comment les vignes réagissent au stress, comment la disponibilité en eau les affecte (considérez qu’une vigne n’a besoin que de 400 millilitres d’eau par an) et comment les vignes plus âgées, aux racines plus fines, sont mieux adaptées. Ce projet est un laboratoire vivant de l’évolution agronomique. »
Dates clés et perspective internationale
La présentation à la presse est prévue pour le 6 octobre 2025, tandis que la cinquième édition de la vente aux enchères aura lieu le 24 octobre 2025. L’une des grandes nouveautés de cette année est l’internationalisation des lots communaux, avec des enchères ouvertes depuis Londres, Toronto, New York et Hong Kong, qui permettront d’attirer des collectionneurs privés, des clubs œnologiques et des amateurs du monde entier. Une logistique bien pensée a également été mise en place : Fieramente prendra en charge gratuitement les expéditions à l’étranger, ce qui constitue l’une des principales nouveautés de cette année.
Au cours de l’événement, une phrase a résonné tout au long de la journée :
« Rien n’est oublié plus lentement qu’une offense, et plus rapidement qu’une faveur reçue. »
Une réflexion inspirée par Sénèque, qui mettait en garde contre l’ingratitude et la mémoire sélective de l’âme humaine. Mais ce projet vise à inverser cette logique : se souvenir de chaque cadeau reçu et rendre la pareille, ne serait-ce qu’en partie. C’est un choix conscient et responsable qui guide la Fondation et tous les participants à cette extraordinaire aventure.
Vin, oxygène et changement : les défis à venir
Cette journée a également été l’occasion de réfléchir plus largement à l’avenir du vin. Par exemple, une discussion a eu lieu autour de la tendance croissante des vins sans alcool : s’agit-il d’une mode passagère ou d’un changement structurel ?
« Cela va se produire, et cela pourrait même conquérir 5 % du marché. Mais serons-nous capables de préserver son âme, son terroir, son caractère ? Un vin sans alcool et contenant 150 substances ajoutées… est-ce vraiment l’avenir ? »
Ces questions provocantes remettent en cause les tendances populaires, telles que les « produits biologiques superficiels », où les additifs approuvés diffèrent peu des pratiques conventionnelles. Un appel a également été lancé en faveur de la création d’un label territorial fort, « Made in Piemonte », afin de souligner les origines du grand Barolo.
Une attention particulière a été accordée à la relation entre le vin et l’oxygène, un sujet plus pertinent que jamais en raison du changement climatique. Le Barolo d’aujourd’hui n’est plus ce qu’il était il y a vingt ans : l’augmentation de l’exposition aux UV et la modification des conditions dans les vignobles ont affaibli les tanins, « l’armure » du vin, les rendant plus fragiles et moins structurés.
« Autrefois, on disait qu’il suffisait de laisser le vin en fût. Aujourd’hui, toute exposition à l’oxygène est un risque », explique Lanati.
Une seule dégustation à partir d’un fût peut compromettre des mois de travail. À peine 50 mg d’oxygène et un milligramme de fer peuvent déclencher la réaction de Fenton, avec des effets dévastateurs sur l’arôme et la structure. L’oxygène devient un agent radical, détruisant les arômes, oxydant les tanins et altérant l’identité du vin. Cela soulève naturellement la question d’une révision des règles de production, peut-être en réduisant la durée de vieillissement obligatoire en fût à moins de 18 mois. En attendant, l’industrie attend les millésimes 2022, 2023 et 2024 du Barolo, dont le caractère est devenu plus clair grâce à des dégustations comme celles-ci :
- Le millésime 2022 est juteux, déjà ouvert et harmonieux.
- Le millésime 2023 présente une persistance tannique, du charisme et de l’intensité.
- Le millésime 2024 semble plus délicat, frais et exceptionnellement facile à boire.
Le millésime 2024 de Vigna Gustava
Comme le décrit Antonio Galloni, critique œnologique de renommée mondiale et PDG de Vinous, le millésime 2024 du Barolo de Vigna Gustava se révèle, à travers la dégustation de barriques vinifiées individuellement, comme un exercice de finesse et de précision. Cela est d’autant plus remarquable compte tenu des conditions climatiques complexes de l’année. Les précipitations continues pendant la saison de croissance, et même pendant les vendanges, ont exigé des décisions précises dans les vignobles et les caves, avec une sélection minutieuse et des vinifications plus courtes et plus douces. Ces choix se reflètent clairement dans les vins.
Leur cohérence stylistique est frappante : des vins éthérés, délicats et lumineux qui expriment un Nebbiolo plus parfumé que puissant, plus floral et citronné que charnu. Ils se caractérisent par une acidité vibrante, des tanins bien calibrés et une élégance taillée sur mesure pour ceux qui recherchent la profondeur plutôt que la puissance. La vinification séparée de chaque barrique offre non seulement un portrait multifacette du Barolo en primeur, mais permet également de comprendre comment l’altitude, l’exposition, l’âge des vignes et les caractéristiques du sol façonnent le vin.
Les barriques issues des vignes plus âgées situées sur les parcelles à mi-pente se distinguent particulièrement. Elles alternent entre des expressions plus légères et transparentes, marquées par des notes de fleurs séchées, d’orange sanguine et de fraises des bois, et des expressions plus profondes et terreuses, avec des notes de cuir, d’encens et de tabac. La sélection plante par plante a permis de faire émerger les différentes « âmes » du vignoble, soulignant l’impact du micro-terroir. Dans la partie basse du vignoble, où l’exposition sud-sud-ouest favorise une maturation généreuse, les vins sont particulièrement parfumés et gracieux, mais moins structurés. Ces barriques séduisent par leur immédiateté et leur capacité à exprimer la légèreté du millésime sans paraître minces ou disjoints. Le cœur du vignoble, exposé au sud-ouest, donne les interprétations les plus complètes et les plus prometteuses. C’est là que réside la véritable puissance de Vigna Gustava : des fruits mûrs et intacts, une structure bien définie et un équilibre entre force et grâce. Certaines barriques, comme la n° 10, transmettent une énergie brute mais intense avec un grand potentiel de vieillissement. D’autres, comme les n° 11 et 12, offrent un équilibre exemplaire entre élégance et tension. Les dernières barriques, résultat d’une sélection finale, reviennent à un style plus délicat. Elles expriment la légèreté, la transparence et la fraîcheur des agrumes. Mais les surprises persistent : la barrique n° 14 sort du lot avec un caractère balsamique, épicé, presque alpin, preuve d’un millésime plein de profondeur et de personnalité.
Enfin, le tonneau issu des raisins non sélectionnés pour les barriques primaires confirme encore la qualité globale du vignoble. Il affiche lui aussi équilibre, fraîcheur et un profil doux et bien défini, résumant ainsi un millésime qui pourrait bien rester dans les mémoires comme l’un des plus captivants pour les amateurs de transparence, de verticalité et d’authenticité du terroir.