156ème Vente des Vins des Hospices de Beaune
Pour cette Vente aux enchères des Hospices de Beaune 2016 la Pièce du Président (Cuvée des Présidents) sera un tonneau de 228 litres, absolument unique, de Corton Bressandes Grand Cru !
©Christie’s / Hospices de Beaune
En cette période et malgré l’approche de la 156ème Vente aux enchères les Hospices Civils de Beaune traversent un temps de grande tristesse provoqué par la disparition brutale de Monsieur Antoine Jacquet, directeur.
Monsieur Jacquet a consacré 28 ans de sa vie professionnelle à cet établissement atypique où il a su tant accompagner l’évolution et la modernisation de l’hôpital, que de celle de son patrimoine historique et viticole. Le domaine viticole, le musée historique et l’activité hospitalière ont toujours été en très grande interaction. Les produits successifs des ventes aux enchères ont permis aux Hospices Civils de Beaune de se doter d’équipements modernes et adaptés à chacune des époques de son histoire. Le dernier chantier en cours, dont Antoine Jacquet avait à cœur d’assurer le bon déroulement, est la restructuration et l’agrandissement du Centre Hospitalier. Les travaux ont débuté en 2014.
Si les événements festifs liés à la Vente des Vins du 20 novembre 2016 ne seront pas modifiés, chacun aura une pensée pour l’homme qui a présidé aux destinées de cette institution dont il était si fier.
Le millésime 2016 des Hospices de Beaune vu par Ludivine Griveau, Régisseur du Domaine
« Un Millésime qui est bien dans ses peaux ! »
Côté climatologie : L’hiver 2015-2016 en Bourgogne a été plutôt doux avec des températures majoritairement au-dessus des moyennes de saison. Les températures sont douces, à tel point qu’on a, ici ou là, des amandiers en fleurs fin février.
Le printemps est long à s’installer, malgré un début du mois de mars assez clément. Le manque de froid n’est pas en lien avec les pluies qui sont souvent intenses, fréquentes et de courte durée. La suite du printemps ne remontera pas la moyenne. Avril, est plus froid et moins ensoleillé… jusqu’au 27 avril : épisode de gelée sans précédent qui touche quasiment toute la Bourgogne.
A cette date, le paysage commençait tout juste à changer et certaines feuilles étaient déjà bien étalées. Les Saints de Glace sont alors attendus et redoutés. Finalement, les températures remontent significativement courant mai et la pluviométrie avec : entre avril et fin juin, les excédents de pluie frôlent les 90% et les ensoleillements sont déficitaires sur tout le paysage bourguignon.
Le Mâconnais subit la grêle à deux reprises. Chablis n’est pas épargné plus tard en saison. A ce stade de l’année, le niveau d’avancée de 2016 se situe dans la moyenne plutôt « tardive » de ces 10 dernières années. La végétation a connu un développement totalement irrégulier durant les premières semaines de mai et juin : la pousse était très variable d’une vigne à l’autre selon l’intensité avec laquelle le gel avait frappé. Les quantités de fruits sont incertaines et la météo sur la fleur sera décisive. Il faut attendre juillet pour que l’été arrive et s’installe, sous un soleil radieux, les températures estivales seront supérieures à la moyenne de saison. Et la vigne témoigne encore d’une résistance incroyable…
Comme en 2015, durant les mois d’été, la pluie n’est pas tombée très souvent, et parfois même seulement quelques millimètres. La Bourgogne se réjouit ainsi de revivre un été chaud et ensoleillé car il faut admettre que le printemps assez « chaotique » a marqué les esprits.
Août a été dans la moyenne avec peu de précipitations et qui sont arrivées au bon moment pour les besoins de la vigne. Septembre est dans la lignée de cet été chaud et voit lui aussi sa moyenne à 2°C au-delà des normales de saison.
Chaque millésime portant sa propre histoire, les décisions de dates de récolte s’annoncent difficiles et décisives : c’est hétérogène d’une vigne à l’autre, les habitudes sont bousculées quant aux ordres de récolte connus jusqu’alors, le Pinot Noir galope alors que le Chardonnay se dore lentement… Plus que jamais, les contrôles de maturité et la dégustation des baies sont indispensables. Nous avons fait le choix de les mener sur l’intégralité du domaine, 117 parcelles.
Tout début septembre, les contrôles de maturité débutent, la récolte est saine, les Chardonnay semblent un peu en retard sur le Pinot Noir, ce qui mérite d’être souligné. L’état sanitaire est vraiment superbe, la météo annoncée plus que clémente, nous avons le temps de récolter des raisins à parfaite maturité. C’est le 19 septembre pour notre Pouilly Fuissé et le 20 septembre en Côte de Beaune, que nous avons récolté nos premiers raisins de Pinot Noir. Dans le même temps, les contrôles de maturité sur les Chardonnay continuent. Les tous premiers arriveront en cuverie le 26 septembre. Tous les raisins, ont bien entendu été passés sur table de tri. Nous avons pu constater que la récolte était un peu plus abondante que prévu (sauf secteurs gelés). Autre fait marquant, ce que la dégustation des baies de Pinot Noir et des pellicules nous laissaient entrevoir s’est confirmé : les raisins sont extrêmement savoureux, les tanins des pellicules sont souples et agréables, la couleur semble bien s’extraire.
C’est donc avec un millésime bien « dans ses peaux » que les vinifications ont débuté tambour battant ! Ils ont une belle couleur, beaucoup de fruit et de saveur. Il n’y a pas de tannins agressifs, ils semblent généreux et soyeux, tout comme en 2010.
Le cycle végétatif : Les premières pointes vertes s’observent dans la première décade d’avril. Le gel du 27 avril ralentit, voire bloque, la pousse pendant parfois de nombreuses semaines. La vigne doit se remettre tout doucement. Le temps fait son œuvre…
Mi-mai, la végétation reprend irrégulièrement son cycle végétatif. Ainsi, vers le 15 de belles feuilles étalées (ré) apparaissent. La grande irrégularité des températures de mai et juin va engendrer une floraison irrégulière d’un secteur à l’autre, mais les plages de beau temps sont au bon moment pour que la fleur se passe en 8 à 10 jours. Sur les secteurs gelés, les ébourgeonnages/dédoublages se fait avec prudence car déjà, la sortie de fruit en elle-même semble peu abondante. Les vignes non gelées en revanche révèlent une belle sortie de fruits donc elles sont conduites comme à notre habitude : avec dédoublage et ébourgeonnage préalables.
Il faut attendre mi-juillet pour la fermeture de la grappe. Comme l’an passé, les journées sont chaudes et sèches, il y a du vent, les décisions d’effeuillage sont donc prises avec parcimonie. On note en effet des zones de grillure sans même avoir ôté une feuille. « Nous en connaitrons tout de même un peu mais bien moins que ce que nous aurions pu craindre. La vigne résiste de façon incroyable.
Au niveau de la pression des maladies cryptogamiques, c’est le mildiou qui a donné le plus de fil à retordre cette année, la pression est dite « historique ». La météo et les observations parcellaires nous guident dans les décisions des cadences de traitement. Les fortes pluies ne nous facilitent pas la tâche car il est parfois difficile de rentrer dans les parcelles. Les choses s’arrangent dès juillet, pari gagné, nous n’avons pas eu de mildiou sur grappes. Le feuillage, bien sain, aura alors permis une photosynthèse intense et régulière aussi bien sur le Pinot Noir que sur le Chardonnay, permettant aux 2 cépages de gagner en maturité et en concentration de façon importante. Ainsi, le stade 100% véraison est atteint début septembre. »
L’état du feuillage est excellent. Aucune parcelle n’a « décroché », et la fin de la maturation peut s’envisager sereinement.
Du côté des vins…
« Les blancs : A ce stade, nous avons des vins savoureux, aux arômes de fruits blancs ; ils fermentent encore aux grés des levures naturelles ; ils sont toniques et les acidités sont restées naturelles. Les terroirs semblent bien respectés.
Les rouges : Les robes sont plutôt profondes, et aux belles nuances pourpres. Le niveau d’acidité est satisfaisant et celui des tanins très soyeux avec beaucoup de rondeur ; ainsi, la macération a été conduite de façon à extraire en douceur les tanins tout en respectant la richesse du fruité. En ce début d’élevage, on retrouve beaucoup d’arômes intenses de fruits rouges frais (fraise, mûre, framboise) et des tanins présents que l’élevage en fût contribuera à rehausser. »
Cette année 48 cuvées des Hospices de Beaune seront mis à la vente dont 33 en rouge et 15 en blanc. La liste complète des différentes cuvées est disponible ici.
Le millésime 2016 des Hospices de Beaune, un « superbe revirement » par J. Morris
Jasper Morris, Master of Wine et consultant du département des vins chez Christie’s nous livre ses premières impressions du millésime 2016 avec Ludivine Griveau, régisseur du domaine viticole des Hospices de Beaune.
« De mémoire, on n’avait jamais rencontré pareilles difficultés durant la période de croissance de la vigne, mais la maturation a frôlé la perfection que personne n’osait espérer. Le découragement que l’on pouvait lire sur les visages fin juin s’est mué en soulagement à partir de fin septembre. Le vieil adage « juin fait la quantité, septembre fait la qualité » n’a jamais été aussi vrai.
Bien que la cuvée de Pouilly-Fuissé des Hospices de Beaune ait été épargnée, la grêle s’est abattue dans le Mâconnais, ainsi qu’à Chablis, la Côte d’Or a cependant largement été épargnée par ce fléau. Pourtant, la matinée du 27 avril a changé la donne. Une nuit sans nuages a fait chuter la température en dessous de zéro, pas de beaucoup, mais assez pour avoir l’effet d’un vrai gel hivernal plutôt qu’une petite gelée de printemps. Une grande partie du vignoble a été affectée, dont beaucoup de vignes dans la prestigieuse Côte de Nuits. Mais c’est la Côte de Beaune qui a subi le pire, notamment à Savigny-lès-Beaune et une partie de Pommard, Beaune et Meursault.
Les conditions météorologiques imprévisibles dans les semaines qui ont suivi ont empêché la vigne de produire à nouveau du fruit, là où les premiers raisins avaient été détruits. Des attaques de mildiou menaçaient également mais le travail vigilant des vignerons des Hospices a permis d’éviter tout dommage significatif.
Les rouges se sont développés plus rapidement que les blancs, les vignes elles-mêmes semblaient en bonne condition mais à peine quelques grappes étaient malheureusement visibles. Le soleil continu a permis aux raisins de mûrir convenablement, à la maturité inégale de faire place à une croissance harmonieuse, mais également à empêcher les attaques de maladies.
La fin d’été exceptionnelle a continué jusqu’à un épisode de deux nuits de pluie les 14 et 15 septembre et quelques averses les jours qui ont suivi, une pluie bienvenue pour des vignes qui commençaient à souffrir d’un stress hydrique et qui a permis de revigorer le processus de maturité.
Les vendanges ont commencé plus tôt qu’escompté : le 19 Septembre aux Hospices de Beaune pour le Pouilly-Fuissé, puis les rouges en continu pendant 8 jours et pour finir, le Clos de La Roche le mardi 27 septembre. L’attention s’est ensuite tournée vers les blancs, le tout récolté sous une météo parfaite.
Les vins rouges ont fermenté pendant environ deux semaines afin de préserver leur élégance.
Les blancs, en fermentation au moment où ces lignes sont écrites, ont été récoltés avec des taux de sucre corrects, équilibrés par une acidité adéquate : des vins purs et souples sont attendus. De manière générale, le ressenti est au soulagement voire à l’optimisme pour ce nouveau millésime à venir. »
Focus sur les Présidents ainsi que sur l’unique et exceptionnelle Pièce du Président
Depuis 1945, les Hospices de Beaune soutiennent chaque année une ou plusieurs œuvres caritatives en leur versant les profits d’une pièce de vin (barrique) mise en vente à cette fin, la Pièce du Président. Pour la 156ème Vente, la Pièce du Président sera un tonneau de 228 litres : Cuvée des Présidents.
La pièce des Présidents de la récolte 2016 est issue de l’appellation Corton Bressandes Grand Cru et sera en tous points absolument UNIQUE !
En effet, l’ensemble des parcelles d’appellation Corton « Les Bressandes » de la Cuvée Charlotte Dumay a été regroupé afin de vinifier leurs magnifiques raisins à part.
« Nous en avons fait un vin souple et voluptueux à la fois, aux tanins mûrs et corsés, avec des notes de fruits rouges très intenses. C’est donc au moment du décuvage que nous avons constitué cette pièce pour ensuite, destiner le reste du vin à l’élaboration de la traditionnelle Cuvée Charlotte Dumay. Il s’agit ainsi de la seule pièce au monde de Corton Bressandes Grand Cru Hospices de Beaune 2016. »
Cette 156ème vente des Hospices de Beaune se fera sous la présidence de Madame Virginie Ledoyen, de Madame Khatia Buniatishvili, de Madame Valérie Bonneton, de Monsieur Claude Lelouche ainsi que de Monsieur Eddy Mitchell.
L’année dernière le montant total de la vente avait atteint le chiffre record de 11.347.609€ ($12.175.984). La Pièce des Présidents était partie à 480.000€.
Record à battre!
Focus sur les deux associations caritatives bénéficiaires de la 156ème Vente des Hospices de Beaune 2016
Les deux associations retenues cette année sont la fondation Cœur et Recherches, soutien de la recherche pour lutter contre les maladies cardiovasculaires et la Fondation ARC pour la recherche sur le cancer. Cette dernière est la première fondation française exclusivement dédiée à la recherche sur le cancer. Son objectif est de parvenir à guérir 2 cancers sur 3 dans 10 ans.