Découvrir la Loire Volcanique : le renouveau des vins volcaniques

À Saint-Pourçain, le Tressallier brille de mille feux

 

 

Au cœur de la France, au pied du Massif central, des communautés humaines se consacrent depuis des siècles à la culture de la vigne, une activité qui a connu des phases d’alternance au cours de l’histoire. Cette ancienne chaîne de montagnes volcaniques façonne le paysage avec ses pics doux, ses hauts plateaux et les cratères éteints de la Chaîne des Puys, aujourd’hui inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. 

Le Massif central est une terre d’une extraordinaire diversité naturelle : des gorges profondes du Tarn aux lacs volcaniques comme le lac Pavin, en passant par des montagnes emblématiques comme le Puy de Dôme et le Plomb du Cantal. Des rivières parmi les plus importantes de France – la Loire, l’Allier et la Dordogne – sont nées ici, façonnant le territoire et enrichissant ses sols fertiles. Cette région s’enorgueillit d’une tradition agricole ancienne, ancrée dans l’élevage ovin et bovin et la production de fromages renommés tels que le Bleu d’Auvergne, le Cantal et le Saint-Nectaire. A côté de ces trésors culinaires, la viticulture reprend aujourd’hui sa place et son importance, grâce aux efforts d’une nouvelle génération de vignerons réunis au sein de l’association Loire Volcanique qui regroupe 46 producteurs répartis sur quatre terroirs : Auvergne, Forez, Roannais et Saint-Pourçain. Ces zones abritent plusieurs AOC : Saint-Pourçain (environ 600 hectares), Côte Roannaise (215 hectares), Côtes du Forez (150 hectares) et Côtes d’Auvergne (1 350 hectares).

L’objectif est de promouvoir, à travers une marque collective, cette viticulture vertueuse et passionnée, capable d’exprimer la singularité des différents terroirs volcaniques. Ce voyage de renaissance, qui a également émergé comme une réponse aux défis de la pandémie, entre maintenant sur les marchés internationaux comme une nouveauté riche d’histoire et d’authenticité. Les origines de la culture de la vigne en Auvergne remontent à l’époque romaine, avec un âge d’or au Moyen-Âge où les marchands hollandais ont contribué à sa renommée. Phylloxéra, guerres et crises géopolitiques ont ensuite entraîné un long déclin, mais aujourd’hui, grâce aux viticulteurs formés dans les écoles d’œnologie et d’agronomie, un renouveau est en cours, basé sur des pratiques durables, biologiques et biodynamiques.

Bien que la production se concentre encore principalement sur les vins rouges et rosés élaborés à partir du gamay (qui couvre environ 80 % de la superficie du vignoble), ce sont les vins blancs qui suscitent un intérêt croissant. Le véritable protagoniste est le Tressallier, un cépage autochtone cultivé principalement dans l’AOC Saint-Pourçain, reconnue officiellement en 2009. Le Tressallier se distingue par sa fraîcheur marquée et sa vivacité aromatique, avec des notes qui rappellent le Viognier, mais avec une saveur plus délicate et minérale. Le Tressallier est un vin qui rappelle le Viognier, mais avec un profil aromatique plus délicat et minéral. Le Tressallier possède l’une des plus anciennes histoires de la viticulture française. Les vins de Saint-Pourçain étaient déjà appréciés au Moyen Âge par Saint Louis, roi de France, les papes d’Avignon et la dynastie des Bourbons, qui y organisa le premier concours national des vins, connu sous le nom de « Bataille des Vins ». Si le vignoble du Bourbonnais s’étendait autrefois sur plus de 8 000 hectares, il couvre aujourd’hui environ 640 hectares, il est façonné par un climat continental et des sols riches en argiles sableuses, des granites et des calcaires. D’un point de vue génétique, le Tressallier est identique au Sacy, variété ancienne de l’Yonne en Bourgogne. Son nom peut provenir du latin « trans Alligerim » (au-delà de l’Allier) ou de « trésaille », le système de palissage traditionnel. Comme le Chardonnay, il est issu d’un croisement entre le Pinot et le Gouais Blanc, lien génétique qui explique la tradition de vinifier les deux cépages ensemble. Les vins de Tressallier sont délicats, avec une acidité modérée, de subtiles notes d’agrumes et une élégante minéralité qui rappelle doucement les meilleurs Chablis. Alors qu’il était traditionnellement mélangé au chardonnay, le vin est aujourd’hui de plus en plus souvent mis en bouteille dans un seul cépage. Les meilleures expressions évitent le chêne neuf et la fermentation malolactique, privilégiant l’acier inoxydable, les amphores ou les grands fûts neutres pour préserver la fraîcheur et l’authenticité du raisin.

L’âme historique de Saint-Pourçain trouve son symbole dans le Clos du Château de Chareil-Cintrat, où sept parcelles d’un hectare constituent le Conservatoire des Anciens Cépages, un vignoble-musée créé en 1996 pour préserver des cépages anciens tels que le Saint-Pierre-Doré, le Meslier-Saint-François, le Melon, le Romorantin, l’Aligoté, le Pinot Gris, le Chardonnay, le Sauvignon, le Pinot Noir, le Gamay, et bien sûr le Tressallier. Sur ces pentes abruptes, encore cultivées à la main et avec l’aide de chevaux, un vin extraordinaire naît de l’assemblage de douze cépages historiques, cultivés sur les collines granitiques voisines du Château de Chareil : un lien vivant avec le passé préphylloxérique de la région.

Ce paysage unique est complété par la légendaire forêt de Tronçais, plantée par Colbert sous le règne de Louis XIV, célèbre pour ses chênes centenaires, encore utilisés aujourd’hui pour fabriquer les barriques des grands vins de France et du monde.