Romagna Wine

Le vin de Romagne : identité, sous-zones et avenir

Interview avec Roberto Monti, président du consortium

 

La région viticole de la Romagne continue d’émerger comme une mosaïque complexe de territoires, chacun avec une identité bien définie, façonnée par l’interaction du cépage, du sol et de l’environnement. C’est une région qui s’est développée non seulement en termes de quantité mais, plus important encore, en termes de qualité, avec des vins qui communiquent les caractéristiques uniques de la terre. Le Sangiovese, de plus en plus lié au concept de sous-zones, est le chef de file de cette transformation, mais d’autres cépages autochtones commencent également à se tailler une place de choix.

 

Selon les données du Romagna Wine Consortium, la région compte aujourd’hui plus de 7 000 hectares de vignobles protégés, produisant environ 15 millions de bouteilles de vin par an. En 2024, les vins produits sous la désignation de sous-zone atteindront 596 000 bouteilles, reflétant une tendance croissante vers une approche plus raffinée et territoriale. Nous nous sommes entretenus avec Roberto Monti, président du Consortium des vins de Romagne, pour discuter de l’état actuel de l’industrie vinicole en Romagne, de l’accent mis sur les sous-zones et de ce que l’avenir réserve à cette région dynamique.

 

VertdeVin: Monsieur le Président Monti, le secteur viticole de la Romagne est de plus en plus reconnu comme une région aux terroirs diversifiés et distinctifs. Quelle est la situation actuelle des sous-zones ?

Roberto Monti: En 2024, nous avons constaté une production stable avec 596 000 bouteilles de vin produites sous les appellations des sous-zones, principalement du Sangiovese. Ce qui est frappant, c’est l’intérêt croissant, non seulement des producteurs locaux, mais aussi de la presse spécialisée. Les sous-zones nous permettent de raconter l’histoire de l’interaction profonde entre les cépages et le terroir, qui donne naissance à des vins aux caractéristiques organoleptiques uniques. Ce projet mûrit bien et nous voyons un grand potentiel pour son développement.

 

VdV: Outre le Sangiovese, quelles sont les perspectives pour les cépages autochtones comme l’Albana et le Pagadebit ?

R.M: L’Albana connaît une phase très positive, surtout dans le style sec. Sa polyvalence permet diverses interprétations, des méthodes de vinification réductrices aux macérations plus longues. Nous pensons qu’il est temps de mettre à jour les règles de production afin d’améliorer l’identification et la communication de ces styles sur les étiquettes. Quant aux sous-zones de l’Albana, nous ne sommes pas encore tout à fait prêts, mais il s’agit d’une question qui sera évaluée avec soin afin de s’assurer que nous le faisons de manière harmonieuse et progressive.

Pagadebit, en revanche, reste une production plus petite, mais avec une histoire solide. La sous-zone Bertinoro est en place depuis 2011, et il n’y a pas de pression actuelle pour définir d’autres sous-zones. Cependant, la version frizzante du Pagadebit se comporte bien, en particulier à la lumière de l’intérêt croissant pour les vins mousseux.

 

 

VdV: L’Albana pour les vins mousseux traditionnels suscite également un intérêt croissant, n’est-ce pas ?

R.M: Oui, plusieurs producteurs expérimentent l’Albana pour les vins mousseux traditionnels depuis des années, et les résultats sont très prometteurs. D’autres producteurs se joignent maintenant à eux, ce qui montre qu’il y a de l’enthousiasme. Je pense qu’il faudra bientôt modifier les règles de production pour encadrer ce nouveau style.

 

VdV: Qu’en est-il des autres dénominations de la région, telles que Colli di Imola, Rimini DOC et Ravenna IGT ?

R.M: Parmi les Colli DOC, les plus importants sont le Colli di Imola et le Rimini DOC. Le Rimini DOC, en particulier, connaît une bonne croissance. Les autres sont encore en nombre plus modeste. En ce qui concerne l’IGT Ravenna, les producteurs de la région de Bagnacavallo font preuve d’un grand enthousiasme. Ils ont formé une association et travaillent avec passion sur des variétés indigènes comme l’Uva Longanesi, à partir de laquelle ils produisent le Burson, et le Famoso, utilisé pour créer la Rambëla. Ce sont d’excellents exemples de la façon dont la Romagne raconte son histoire à travers des variétés moins connues mais très expressives.

 

VdV: En résumé, quelle est la direction prise par le vin de Romagne ?

R.M: Nous sommes en train de construire une identité forte, basée sur l’histoire, le terroir et les cépages autochtones. Le défi des prochaines années sera de communiquer cette richesse de manière claire et cohérente, en mettant en valeur les différentes facettes de la Romagne sans perdre notre unité. La voie est tracée et les résultats commencent à se faire sentir.