Maison Piron

Quatre siècles de passion renouvelée et maîtrisée

 

 

Ancré dans une famille de vignerons depuis quatorze générations, le domaine adopte aujourd’hui une vision moderne et exigeante de la viticulture sous la houlette de Julien Revillon, qui a succédé à Dominique Piron en 2020. Aux côtés de l’œnologue Pierre Meunier et du chef de culture Thibaud Lemaître, Julien poursuit l’héritage de Piron avec dévouement, valorisant le potentiel du gamay et des crus les plus prestigieux du Beaujolais – tels que Morgon, Fleurie, Moulin-à-Vent, Chénas et Brouilly – tout en cultivant le chardonnay pour les blancs de la maison.

Aujourd’hui, entre vignobles en propriété et activité de négoce, la Maison Piron exploite environ 90 hectares dans le respect de l’environnement. L’objectif : préserver l’identité de chaque terroir et produire des vins précis, authentiques et vivants. Des crus les plus ambitieux aux vins de tous les jours les plus agréables, la gamme reflète un équilibre parfait entre tradition, précision et passion. Julien Revillon, épaulé par le talentueux œnologue Pierre Meunier, poursuit avec constance et brio le travail de Dominique Piron. Ils sont épaulés par Thibaud Lemaître, chef de culture et cheville ouvrière de la gestion des 90 hectares du domaine. Grâce à l’engagement commun de ce trio, la qualité des raisins s’est nettement améliorée et la sélection parcellaire porte aujourd’hui ses fruits. Ce qui est remarquable, c’est la cohérence stylistique des vins, qui repose sur trois piliers : l’expression naturelle du fruit, la buvabilité et le reflet clair de l’identité de chaque cru.

Héritier d’une longue tradition familiale, Dominique Piron a confié le domaine à Julien Revillon en 2020, après avoir travaillé à ses côtés depuis 2013. Aujourd’hui, le domaine gère une cinquantaine d’hectares, associant des vignes en propriété et des raisins soigneusement sourcés pour la production de négoce.

 

Qui est La Maison Piron ?

Le domaine cultive un peu de chardonnay, mais se concentre principalement sur le gamay, le cépage emblématique du Beaujolais. Spécialisé dans l’appellation Morgon et ses climats – en particulier la célèbre Côte du Py, colline volcanique emblématique de la région – le Domaine produit également du Beaujolais, Beaujolais-Villages, Régnié, Brouilly, Fleurie, Chénas et Moulin-à-Vent en rouge, rosé et blanc. Le travail de la vigne suit des pratiques traditionnelles, alternant labours et enherbement, en mettant l’accent sur le respect de l’environnement et la mise en valeur du terroir.

 

Face à face avec Julien Revillon

VertdeVin: Pourquoi faites-vous du vin ? Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir vigneron ?

Julien Revillon: C’est une bonne question. Parce que ce n’était pas quelque chose de naturel dans ma famille – je ne suis pas issu d’une famille de vignerons. La passion est venue petit à petit. Autour de chez moi, il y avait des vignes partout. Dans le Beaujolais, la culture du vin est omniprésente. A l’école, j’étais le seul à ne pas être fils de vigneron. Mais je suis tout de suite tombé amoureux de l’ambiance : être dans le chai, les odeurs de fermentation, les vins qui commencent par être doux et qui s’affinent lentement avec le temps. Nous sommes une famille d’épicuriens – mon grand-père était un chef étoilé – et il y avait toujours du vin sur la table. Peu à peu, mon amour pour le vin s’est développé. Je me suis demandé si le fait de mêler passion et profession était une bonne idée. Au début, je ne voulais pas travailler directement dans le monde du vin, mais petit à petit, je me suis sentie attirée.

Il est vrai que l’idée me trottait dans la tête d’être à la fois propriétaire et impliqué dans la vinification. J’ai appris sur le tas, avec l’aide de personnes qui m’ont soutenu – et qui me soutiennent toujours. Pour moi, la viticulture est vraiment un travail d’équipe. Il ne s’agit jamais d’une seule personne dans leur coin, mais d’une équipe entière, présente chaque jour, avec attention et sensibilité.

Je suis très cartésien, très scientifique. Ce qui est fascinant dans l’œnologie, c’est que même avec un esprit scientifique, il est souvent impossible de comprendre pleinement ce qui se passe. Le déterminisme est l’une des pierres angulaires de la science : si vous faites la même expérience dans les mêmes conditions, vous vous attendez au même résultat. Mais en viticulture, ce n’est pas le cas : les conditions ne sont jamais identiques. Vous êtes donc toujours dans le doute : cette décision sera-t-elle positive ? Négatif ? Et c’est ce qui rend la chose intellectuellement passionnante.

 

VdV: Pouvez-vous nous parler un peu de votre gamme ? Vos vins ont-ils un  style particulier, quelque chose qui vous dit « oui, c’est bon » ?

J.R: C’est une excellente question. C’est une question que je me pose tous les jours. La première chose que j’ai voulu faire en créant la gamme était de couvrir tout le spectre – de ce que certains pourraient appeler « basique » (bien que je n’utiliserais pas ce mot), jusqu’au sommet. Disons : de la gauche à la droite.

Mon idée de base était de produire de très grands vins en Beaujolais, des vins capables de rivaliser avec les grands crus d’autres régions : Bordeaux, Rhône, Bourgogne ou autres. Je considère le gamay et les terroirs du Beaujolais comme une sorte d’archétype de grand cru universel, unique et exemplaire. Mais je voulais aussi créer des vins amusants, ludiques, plus accessibles et adaptés au marché. Cela me passionne aussi : travailler sur des assemblages, utiliser notre cépage, notre style, nos terroirs.

Tous les terroirs ne peuvent pas donner le même type de vin. Le vigneron apprend de la terre, et la plus grande leçon est de savoir quel type de vin chaque terroir peut offrir. Certains produiront toujours des vins de grand terroir, tandis que d’autres se prêtent mieux à des vins plus simples.

Alors oui, je voulais construire une gamme complète – des assemblages faciles à boire, assemblés comme un chef compose une salade, en superposant un élément après l’autre pour créer une harmonie, aux crus mono-terroir, où l’on veut préserver l’unicité et l’individualité du sol. C’est incroyablement passionnant.

 

VdV: Quelle a été votre plus grande émotion lors d’une dégustation ?

J.R: Encore une excellente question. Je ne dirais pas que j’ai une seule grande émotion, j’en ai eu beaucoup… mais finalement très peu. Pour moi, avoir une seule grande émotion par an, c’est déjà énorme. Je bois beaucoup de vins exceptionnels – Romanée-Conti, vieux Pomerols, grands vins d’Alsace – mais une vraie émotion ? Une fois par an, peut-être.

Je vais revenir au plus ancien, celui qui m’a le plus marqué. J’avais peut-être 12, 13, 14 ans. Mon père a ouvert une Crème de Tête du Château Gillette, millésime 1950, l’année de naissance de ma mère. Ce vin m’a complètement ouvert les yeux sur le monde des grands vins. C’était quelque chose d’entièrement différent du gamay que nous buvions régulièrement, et même différent des grands bourgognes.

Ce fut donc ma première véritable émotion liée au vin. Et c’est probablement ce qui m’a poussé à aller plus loin, à découvrir davantage.